Difficultés à définir et délimiter la Côte d’Azur
2. Difficultés à définir et délimiter la Côte d’Azur
2.1.La naissance de la Côte d’Azur
En 1887, apparaît pour la première fois l’expression « Côte d’Azur », sous la plume de Stéphen Liégeard, haut fonctionnaire en retraite installé à Cannes, qui en donne les limites suivantes : « la bande littorale située entre Marseille et l’Italie » (Liégeard, 1894). Ce terme à forte connotation touristique s’appuie finalement sur une pratique née précisément sur le littoral maralpin au milieu des années 1850 : la villégiature d’hiver.
Figure 1 : La Côte d’Azur : de Marseille à Menton ?
En conséquence, le terme de Côte d’Azur évoque parfaitement une image et un contenu touristiques. Il évoque, bien entendu, le bleu azur du ciel et de la mer, tellement caractéristique de la région et qui fait tout son attrait.
Plus précisément, la Côte d’Azur est née avec l'essor du tourisme d’hiver et celui du long séjour, au milieu du xixe siècle, lorsque le chemin de fer atteint Nice puis Vintimille (1862-1868). Le succès de la villégiature d’hiver a concerné d’abord les couches sociales les plus aisées, puis progressivement, les campagnes publicitaires ont formé un espace quasi mythique d’attraction. Ainsi, au milieu du XIXème siècle, l’ensoleillement, la luminosité, la douceur de vivre en hiver ont très vite séduit l’aristocratie et la bourgeoisie des très grandes villes d’Europe (Angleterre, Russie, etc.), qui fréquentaient soit de splendides hôtels particuliers, souvent dominant la mer (à Beaulieu sur Mer, à Saint Jean Cap Ferrat), soit les luxueux hôtels édifiés en balcon sur le littoral (au Palace Régina, à Nice)
Figure 2 : Affiche publicitaire pour le chemin de fer vers la Côte d’Azur
Source : Guillaume Georges Roger, 1926
Figure 3 : Hotel Régina à Nice, vers 1920
Source : Archive Municipale de Nice
Petit à petit, avec les congés payés, le tourisme d’hiver s’est transformé en tourisme de masse : de 300 000 touristes en 1939 à 10 millions au début du xxie siècle. Du coup, aujourd’hui, l’ensemble du littoral comporte des stations balnéaires, mélangées à des fonctions urbaines plus communes. De Menton à Bandol et Cassis, ce sont les images du palmier de la Côte d’Azur (lien vers figure 4) et celle de la foule de baigneurs (lien vers figure 5) qui symbolisent la forte activité touristique. Partout, se combinent dans l’espace promenades de bord de mer, plages aménagées, port de plaisance, équipements d'hôtellerie et de restauration, commerces et lieux de loisirs…. De Nice, Cannes, Saint-Raphaël-Fréjus, Saint-Tropez et Hyères.
Figure 4 : Un palmier à Nice
Source : photographie personnelle
Figure 5 : Une plage à Nice, en été
Source : photographie personnelle
2.1.La Côte d’Azur, une entité géographique, mal définie
Mais les limites données par Stéphen Liégeard prévalent-elles toujours aujourd’hui ? Il semble que les bornes proposées soient très discutées et floues
Figure 6 : Des repères, pour une première délimitation de la Côte d’Azur
À l’Ouest, la Côte d’Azur déborde largement sur le Var oriental, jusqu’à Hyères, et tend à s’étendre jusqu’à Bandol. Et certaines sources lui font même rejoindre aux abords du littoral oriental des Bouches-du-Rhône (vers Cassis). D’autres sources la limitent en pratique à Saint-Tropez et sa Presqu'île, rendu célèbre dans les années 1960 par des stars de cinéma. Dans ces différents cas, notre région d’étude couvrirait entièrement le département des Alpes Maritimes, et de manières variable et partielle, ceux du Var et des Bouches du Rhône
À l’Est, les sources concordent souvent sur les limites orientales de la Côte d’Azur, qui s’arrêtent à Menton. Mais pour d’autres, elle se poursuit au-delà de la frontière italienne, dans la province d’Imperia (vers la Riviera ligure).
Vers l’intérieur, la Côte d’Azur, limitée au XIXe siècle à la bande littorale de quelques kilomètres bénéficiant de la douceur du climat maritime, tend à s’étendre vers le nord. Elle gagne largement les collines de l’arrière-pays niçois, cannois, toulonnais (Tanneron, Esterel, Maures, chaînons nord-toulonnais). Le Massif de l’Esterel est en effet une image emblématique de la Côte d’Azur. Cette extension de la Côte d’Azur est l’effet du déversement des résidences pavillonnaires sur des dizaines de kilomètres, formant des lotissements de villas en couronne autour des villages perchés qui s’égrènent, en chapelet, sur les piémonts des plateaux intérieurs et sur les versants des étroites vallées creusées par les rivières nées dans la montagne (Roya, Vésubie).
Figure 7 : Le port de Saint Tropez
Source : photographie personnelle
Figure 8 : Le Massif de l’Esterel
Source : photographie personnelle
Faut–il encore rajouter à la confusion, que le site officiel du tourisme de la Côte d'Azur restreint l'appellation « Côte d'Azur » à une large bande côtière du département des Alpes-Maritimes (http://www.cotedazur-tourisme.com/ou-aller/villes-et-villages-cote-d-azur-06_1727.html) ?
Au-delà de cette énumération de limites, il faut s’interroger en tant que géographe sur la région Côte d’Azur. Pour transformer une expression en entité géographique concrète, il faut dans un premier temps rechercher ce qu’est la Côte d’Azur mais aussi et surtout ce qu’elle n’est pas.